Le président de la République vient d'annoncer une évolution importante de la doctrine française de dissuasion nucléaire. Selon le vocabulaire désormais consacré, il a déclaré que celle-ci ne vise plus seulement les relations entre le faible et le fort, mais aussi celles entre le fort et le fou.
La partie novatrice concerne la dissuasion du fort au fou, autrement dit la réponse à la menace terroriste. Sur ce point, l'innovation du discours présidentiel est triple. Premièrement l'ennemi désigné n'est pas un Etat qui menacerait directement la France mais qui apporterait son appui, son hospitalité, à un groupe terroriste. Deuxièmement, la menace nucléaire pourrait être activée non seulement en cas de crise aiguë, mais aussi à titre préventif s'il apparaît qu'un ennemi se dote d'armes de destruction massive. Troisièmement, l'hypothèse nucléaire n'est plus limitée à une menace pesant sur la France mais est étendue aux menaces visant ses alliés.
Ces trois innovations posent de très graves questions sur la banalisation de l'arme nucléaire, sur le processus de décision de son emploi dès lors que le sanctuaire n'est plus limité au territoire français, sur le glissement du concept de dissuasion vers celui de prévention, sur le rapprochement entre la doctrine française et la doctrine américaine des « Etats-voyous ». Or ces questions, si elles sont débattues dans les cercles spécialisés, ont été totalement absentes du débat public avant que le chef de l'Etat se prononce.
25 janvier, 2006
Monarchie nucléaire
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