18 octobre, 2005

La répression antisyndicale en croissance mondiale

Syndicaliste, un métier à risque. L'an passé, 145 ont été assassinés, 16 de plus qu'en 2003 ; plus de 700 ont été agressés ; près de 500 ont reçu des menaces de mort, selon le rapport annuel de la CISL (Confédération internationale des syndicats libres), coalition de 145 millions de syndiqués dans le monde.

Janek Kyzkiewicz, coordinateur du rapport: «Le diagnostic de la mondialisation est simple sur le monde du travail, dit-il. Cela encourage les attaques contre les syndicats, perçus comme des obstacles à la concurrence et à la croissance.»

Surprise : l'émergence de gouvernements plus démocratiques ne s'accompagne pas d'un mieux-disant syndical, au contraire. «On peut le vérifier tous les jours, ajoute Kyzkiewicz, de l'Asie, comme en Corée du Sud, à l'Afrique, comme au Mozambique, ou même en Europe orientale, comme en Ukraine.» En Amérique latine, l'opposition aux traités régionaux de libéralisation du commerce aggrave les atteintes aux droits humains et syndicaux .

Comme en Colombie, où ­ coïncidence? ­ pas moins de 99 syndicalistes ont été assassinés l'an passé au moment où se mettent en place des accords bilatéraux avec les Etats-Unis ! En Colombie, où «la réforme de la législation du travail a conduit à l'allongement de la journée de travail, à la réduction des indemnités pour les heures supplémentaires travaillées et à une flexibilité accrue de l'emploi». Où «une restructuration à grande échelle des entreprises d'Etat a eu lieu, dans la plupart des cas sans autre objectif apparent que l'élimination des conventions collectives existantes et l'annihilation des structures syndicales.»

Au fil des 362 pages du rapport, on apprend qu'aux Philippines, c'est à coup de bulldozers qu'on évacue un piquet de grève (14 morts) dans une sucrerie. Qu'au Cambodge, le leader national syndical a été dessoudé pour avoir négocié des conditions de travail décentes dans le textile. Qu'au Kenya, des travailleurs des plantations de thé sont virés pour avoir osé grogner contre un accord salarial non respecté.

«Une compétition féroce et non réglementée sur le marché mondial continue de saper les droits syndicaux», note Ryder. A l'image de zones franches d'exportations, comme en Haïti, où demander des toilettes sur les lieux de travail vaut licenciement...

Les Etats-Unis voient fleurir des bataillons de consultants pour étouffer toute velléité d'organisation de défense des travailleurs : «75 % des employeurs recrutent ces personnes pour mener des campagnes antisyndicales», note le rapport.

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