18 octobre, 2007

Le Grenelle de l'environnement : "C'est une mascarade"

e suis arrivé ce matin à Paris avec les 170 marcheuses et marcheurs, partis mardi de Chartres.

Les 3000 manifestants qui se sont joints à nous pour cette dernière étape m’ont fait chaud au cœur. Cette manifestation montre que les femmes et les hommes prêts à se mobiliser contre les OGM restent nombreux. Ils ont bien conscience que notre lutte est dans la durée. Ils sont prêts à retourner dans les champs pour participer aux actions de fauchage. Nous avons aussi été encouragés par le soutien que nous avons eu au cours de cette randonnée. La traversée des villages et des banlieues nous a permis de rencontrer beaucoup de gens qui nous encourageaient à poursuivre notre lutte.

Nous avons entrepris cette marche pour demander au gouvernement de mettre en place un moratoire sur la culture des OGM. Comme Jean-Louis Borloo l’a admis fin septembre, la contamination transgénique est un phénomène accepté. On ne pourra pas l’arrêter. La mise en place de cultures OGM signifie donc la fin de l’agriculture paysanne, de l’agriculture biologique, des AOC. En acceptant d’aller dans cette direction, le président Sarkozy montrerait un mépris total pour les 85 % de nos concitoyens qui ne veulent pas des OGM.

Le Grenelle de l’enironnement est une mascarade. Cela ressemble plus à une campagne de communication qu’à une consultation populaire. Tous les sujets qui fâchent ont été soigneusement balayés sous le tapis.

L’énergie nucléaire est un bon exemple. Dans les groupes de travail, la question de l’EPR n’a même pas été abordée. Au niveau Transports, rien ne vient remettre en cause le tout voiture et le développement des autoroutes. La construction de nouveaux incinérateurs va permettre à Veolia et consorts de dégager des profits quand plus personne ne peut ignorer maintenant les dangers de ce type d’usines pour les populations voisines, notamment à cause des dioxines.

Enfin, sur les questions agricoles, le délire des agrocombustibles n’est nullement dénoncé. Au contraire ! Il faut pourtant que les gens comprennent que le diester et l’éthanol sont faits à partir de plantes destinées à l’alimentation humaine. Pour faire un plein de 50 litres d’éthanol, 250 kilos de blé sont nécessaires, avec lesquels on nourrissait hier une personne pendant un an. La question peut être résumée brutalement ainsi: les paysans doivent-ils nourrir les gens ou les bagnoles ? Vous connaissez ma réponse.

Enfin, le document final du Grenelle ne consacre plus que cinq lignes aux OGM. Il n’est plus question de moratoire ni de principe de précaution. C’est tout simplement inacceptable.

La manière dont les grands médias informent nos concitoyens sur ce Grenelle est pour le moins décevante. Les militantes et les militants venus avec moi de Chartres à pied en voulaient ce matin particulièrement à Libération. Vous consacrez douze pages au Grenelle de l’environnement et vous ne traitez aucune des questions que j’ai abordées ci-dessus. Libération évite le dossier du nucléaire. Trop sensible ? Celui des OGM. Trop conflictuel ?
José Bové, blog.liberation.fr 18 octobre 2007

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