30 août, 2007

Réguler les « hedge funds »

Après la tempête financière qu'a soulevée cet été la crise des « subprime mortgages » (crédits hypothécaires à haut risque), les fonds spéculatifs apparaissent comme les suspects numéro un. En investissant de façon opaque et effrénée dans les tranches les plus risquées des dérivés de crédit (ces instruments financiers qui redécoupent le risque de crédit en différentes tranches, taillées sur mesure pour les différentes classes d'investisseurs), les « hedge funds » mettent non seulement en danger l'épargne de leurs riches clients (après tout, tant pis pour eux), mais surtout la stabilité du système financier international.

(...) En réalité, la seule solution viable est probablement de réformer (encore une fois !) le système de réglementation prudentielle des banques pour les obliger à contrôler l'utilisation des fonds qu'elles prêtent aux « prime brokers » et aux fonds spéculatifs. En leur apportant massivement des liquidités, elles leur permettent en effet d'alimenter leurs stratégies de levier au moyen de prêts à court terme, officiellement non risqués car garantis par des titres.

Le problème, c'est qu'en période de crise la valeur de ces titres peut s'effondrer brutalement. Il est donc indispensable que ce risque, exceptionnel mais non négligeable (les fameuses queues de distribution chères au statisticien) soit pris en compte correctement dans les régulations bancaires. Mais pour cela il faudrait que les autorités prudentielles acceptent de remettre en cause le système extrêmement complexe qu'elles ont péniblement mis au point.

JEAN-CHARLES ROCHET est professeur à l'école d'économie de Toulouse et directeur de recherche à l'Institut d'économie industrielle.
Les Echos 28 août 2007

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