20 août, 2007

Les exportations de voitures chinoises en plein essor

Les ventes de voitures « made in China » à l'étranger ont progressé de 71 % au premier semestre. Elles ne représentent qu'une goutte d'eau face à l'immense marché local. Toutefois, plusieurs acteurs se préparent à faire de la Chine une base d'exportation à terme.

Qui, des constructeurs occidentaux installés en Chine ou des firmes locales, seront les premiers à exporter de manière significative à partir de ce pays ? Pour le moment, l'outil industriel installé sur place tourne quasi exclusivement pour la satisfaction du marché intérieur, dont le boom ne se dément pas : les ventes de voitures particulières en Chine, toutes marques confondues, ont atteint 3,5 millions d'unités de janvier à juillet, soit un bond de 23,7 % en un an.

Comparé à cet essor, les exportations au départ du pays sont encore dérisoires, représentant 241.000 véhicules au premier semestre, dont une majorité de véhicules utilitaires. Néanmoins, ces ventes à l'étranger ont grimpé de 71 % en un an, et le prix moyen des autos ainsi écoulées (11.200 dollars) est en hausse de 23 %. Alors que le Moyen-Orient, l'Asie et l'Afrique étaient les régions traditionnelles d'exportation de ces modèles bon marché, la Russie vient de devenir le premier débouché commercial des constructeurs chinois.

Et plusieurs constructeurs, y compris occidentaux, s'organisent pour faire à terme de la Chine une base d'exportation, comme l'a déjà fait Honda avec sa petite citadine Jazz. L'allemand Volkswagen a annoncé qu'il allait distribuer en Amérique du Nord la prochaine génération de sa grande berline Passat, qui sera fabriquée à Shanghai par sa société commune avec SAIC. Elle sera également destinée au marché local, qui reste sa priorité. Pour maintenir sa part de marché actuelle dans le pays, Volkswagen prévoit une bonne douzaine de lancements d'ici à la fin de la décennie.

Quant au groupe Chrysler, il va confier à son nouveau partenaire Chery la fabrication de petits modèles destinés au monde entier, dont les Etats-Unis, dès la mi-2009. Motif : les économies réalisées sur les coûts salariaux. Des expériences qui pourraient faire tache d'huile si le marché intérieur donnait des signes d'essoufflement.

Les constructeurs chinois eux-mêmes, en mal de reconnaissance à l'étranger, sont eux aussi tentés de sauter le pas. Chery, toujours lui, a passé un accord avec le groupe israélien Quantum, pour concevoir et assembler des voitures destinées aux marchés étrangers. Cinq modèles différents seraient dans les cartons. Fondé il y a seulement onze ans, ce groupe est encore limité en termes de savoir-faire en ingénierie, mais compte rattraper son retard grâce à des échanges avec Chrysler.
Des « crash-tests » désastreux

Aussi peu connu que Chery à l'étranger, Geely, un spécialiste des modèles ultraéconomiques (certains se vendent moins de 4.000 dollars), échafauderait des projets d'usines en Afrique, en Amérique latine et même en Europe. Il prévoit des capacités de 600.000 voitures l'an prochain, soit le double du niveau actuel, et des ventes de 2 millions d'unités en 2015, dont les deux tiers seraient exportés.

Mais vendre des voitures aux Etats-Unis ou en Europe ne s'improvise pas : il faut pouvoir répondre aux normes d'émissions polluantes, de plus en plus strictes, et plus encore aux standards en matière de sécurité. Pour le moment, les résultats des « crash-tests » menés sur les véhicules « made in China » donnent des résultats désastreux, à des années-lumière des produits vendus sur le Vieux Continent, même en bas de gamme.

Quant au coût du transport maritime (de l'ordre de 1.000 euros par voiture), c'est un handicap seulement partiel. Car rendues en Europe, ces voitures sont encore 10 à 20 % moins chères que les modèles locaux, selon le niveau de prix. Après tout, les constructeurs japonais, imités plus tard par les Coréens, ont atteint en Europe des positions significatives (plus de 10 % de part de marché au début des années 1980) sans posséder d'usines sur place, rappelle le cabinet de conseil en stratégie Estin & Co. Sur le Vieux Continent, « la vitesse de développement des Chinois sera plus rapide que celle des Coréens », ajoute- t-il.
Les echos 13 aout 2007

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