29 août, 2007

Prêteurs immobiliers : la liste des victimes s'allonge aux Etats-Unis

First Magnus, Accredited Home Lenders, Capital One, Lehman Brothers ou HSBC ont réduit la voilure, fermé des unités spécialisées ou se sont mis en faillite. Selon Bloomberg, près de 100 établissements ont subi de plein fouet la crise.

La liste des établissements financiers victimes de la crise des prêts immobiliers risqués continue de s'allonger aux Etats-Unis. Entre autres, les mises en faillite de First Magnus, 16e prêteur au premier semestre, et de Quality Home Loan ont été annoncées depuis le début de la semaine, de même que la suppression de plus de 60 % de ses effectifs par Accredited Home Lenders et la fermeture de Greenpoint Mortgage par Capital One, qui l'avait pourtant acheté il y a un an à peine. Lehman Brothers a même décidé de fermer son unité spécialisée, supprimant 1.200 postes (4 % de ses effectifs). Chez HSBC, ce sont 600 postes qui vont disparaître.

Selon Bloomberg, une quinzaine d'établissements spécialisés dans le crédit hypothécaire se sont placés sous la protection du chapitre 11 de la loi des faillites depuis décembre dernier, et près d'une centaine d'acteurs du secteur ont au total été touchés depuis 2006, si l'on additionne les établissements qui ont fait faillite, au premier rang desquels New Century et American Home Mortgage, ceux qui ont fermé les portes de leur filiale spécialisée dans ce domaine et ceux qui se sont vendus pour survivre. Les pertes d'emplois se multiplient : selon le consultant Challenger, Gray & Christmas, cité par Reuters, l'industrie de la finance a annoncé environ 88.000 réductions de postes cette année, soit 75 % de plus que l'an dernier. Un peu plus de 40 % de ces suppressions seraient liées à la crise du financement immobilier.

Les observateurs du secteur commencent à s'interroger sur l'impact direct sur le système financier de ces faillites ou fermetures, qui aujourd'hui ont pour effet principal d'aiguiser les inquiétudes des opérateurs sur le secteur du financement immobilier en général. « Je ne pense pas qu'elles menacent la solvabilité des grandes banques américaines, estime Craig Focardi, spécialiste du secteur chez le consultant TowerGroup. Celles-ci sont exposées aux acteurs en difficulté, car elles leur ont offert des financements temporaires, mais elles ont durci leurs conditions et circonscrit leurs risques. »

Concentration en vue
Ces déroutes vont affecter leurs résultats trimestriels à venir, précise toutefois cet expert. Et accélérer sans doute le mouvement de concentration. D'autres faillites d'établissements spécialisés sont en effet à attendre. Le secteur du financement de l'immobilier américain, qui s'est livré à de nombreux excès ces dernières années, est plus atomisé qu'ailleurs. « En Grande-Bretagne, les 10 premiers prêteurs immobiliers représentent 90 % du marché alors qu'ils n'en représentent que 60 % aux Etats-Unis, où il y a plus de 1.000 établissements », note Craig Focardi.

Confrontés à une hausse des défauts de paiement de prêts immobiliers qui a sapé la confiance dans tout le financement du secteur, les prêteurs sont en même temps dans l'incapacité de se refinancer. La fenêtre qui leur était ouverte de « titriser » ces prêts pour les vendre aux investisseurs sur les marchés s'est en particulier fermée. Du coup, ils ne peuvent ni émettre de nouveaux prêts ni reconduire ceux en cours.

Ces difficultés suscitent des convoitises, même si les probables suites judiciaires qui seront données à ces déroutes freinent les initiatives. Les leaders du secteur les plus solides achètent ainsi les acteurs en difficulté ou recrutent les personnels licenciés, car, selon Craig Focardi, « la demande d'emprunts immobiliers reste forte ». Quand ce ne sont pas des compétiteurs, ce sont des fonds d'investissement spécialisés dans les situations délicates qui se portent acheteurs. Wilbur Ross, qui a notamment fait sa fortune en pariant sur le retournement des aciéristes, a déclaré hier au « Financial Times » que le « subprime » n'était pas mort et qu'il était dans sa ligne de mire.
Les Echos 23 août 2007

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