02 mai, 2007

L’Irak se dote d’une législation pétrolière

(...) Cette législation est à la fois la conséquence de l’évolution des rapports de force entre les différentes communautés et une cause potentielle de conflit entre elles. Pour tenir compte des revendications des chiites contrôlant les gisements du sud, des Kurdes contrôlant ceux du nord, et des sunnites du centre ne pouvant pas tirer directement partie de la manne pétrolière, la loi prévoit la répartition des revenus pétroliers au prorata de la population. En revanche, une grande autonomie est accordée aux régions autorisées à signer des contrats.

Selon l’économiste Mohamed Ali Zeiny du CGES, un cabinet londonien d’expertise, le gouvernement fédéral est le grand perdant du dispositif. La compagnie nationale qui doit renaître de ses cendres dans ce nouveau cadre aura, certes, le contrôle de la majeure partie des gisements découverts, mais elle ne fera pas le poids pour explorer les réserves non découvertes. Et c’est pourtant cet extraordinaire potentiel qui fait rêver les majors confrontées à la fermeture des grands Etats pétroliers. La dernière étude sur les réserves non prouvées irakiennes -diligentée par IHS- estime qu’elles pourraient presque doubler les 116 milliards de barils déclarés en raison des trésors supposés que recélerait le désert occidental situé près de la Syrie, une zone quasiment inexplorée jusqu’à maintenant faute de moyens technologiques et financiers. Mohamed Ali Zeiny craint que les compagnies internationales ne profitent de la corruption ambiante pour négocier allégrement des contrats qu’elles se dépêcheront de mettre en sommeil tant que le pays ne retrouvera pas la paix. Car la sécurité est un élément au moins aussi déterminant que la loi pour les majors toutes aujourd'hui absentes du champ de ruines irakien. L'Irak produit aujourd'hui, tant bien que mal, 2 millions de baril par jour, un million et demi de moins que dans les années 70.
RFI, 24 avril 2007

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