Après avoir dressé le bilan des irrégularités qui ont accompagné l'utilisation des machines à voter lors de la présidentielle, les opposants au vote électronique s'organisent en vue des élections législatives.
Critique sur le vote électronique, l'association Ordinateurs de Vote (OdV) dressait jeudi 10 mai un premier bilan, après les deux tours de l'élection présidentielle. Elle estime à une douzaine le nombre de villes où l'utilisation des machines à voter a donné lieu à un recours devant le Conseil constitutionnel. Plus généralement, l'utilisation de ces machines a éveillé l'attention des électeurs. Plusieurs municipalités ont ainsi vu des citoyens s'organiser en «contrôleurs» du vote électronique.
À Boulogne-Billancourt, un groupe d'habitants «de toutes tendances politiques» a suivi les 66 bureaux de vote de la ville, ce qui représente «68 machines Nedap à 5.471,7 euros TTC pièce, soit un coût global de 372.075,6 euros pour 66.778 électeurs». Ils ont relevé au premier tour «de nombreuses irrégularités», qui allaient des isoloirs succincts au refus de recevoir des réclamations. Ils ont également pointé des failles d'organisation comme les «deux heures d'attente dans certains bureaux». Au second tour, le renforcement par la ville des moyens en personnel dans les bureaux de vote s'est effectué au détriment de la «rentabilité» des machines.
Pour sa part, le groupe local d'Aulnay-sous-Bois dénonce le fait que le 2 mai les machines aient été «configurées et scellées par les employés municipaux sans présence d'huissier ni d'un élu de l'opposition». Si le maire a rejeté la demande de mise sous scellés publique pour «se prémunir de toute intervention malveillante», il s'est engagé à inviter les élus lors de l'opération pour les législatives.
Au final, OdV souligne que «la pratique de la réclamation électorale, sur des points techniques et précis, n'est pas dans les moeurs en France. On nous dit "c'est une question de technologie, allez jouer". Or c'est une question de respiration démocratique.»
Une assurance pour les législatives
Pourtant, parmi les candidats à l'élection présidentielle interrogés par l'association au mois de mars, Nicolas Sarkozy estimait que «les machines à voter présentent plusieurs avantages» comme la réduction des coûts d'organisation ou l'accélération du dépouillement. Sans oublier toutefois de préciser que «les évolutions intervenues depuis fin 2003 impliquent de compléter le règlement technique». «Ces compléments doivent être à la fois techniques (comme l'impression obligatoire d'un ticket de vote, c'est-à-dire un reçu pour l'électeur) et organisationnels (conservation des urnes entre deux scrutins).»
Outre OdV, des internautes se sont mobilisés contre le vote électronique sur des sites comme Betapolitique, où ils passent en revue les aléas de l'e-vote et proposent des recours. Un certain nombre de blogs évoquent également la question, à l'image d'Election-présidentielle sur lequel un habitant d'Issy-les-Moulineaux raconte en détail son 22 avril.
Ces contestations ne devraient guère faire sourciller le Conseil constitutionnel, qui avait donné son aval aux machines à voter pour l'élection présidentielle. D'autant que les erreurs ou incidents n'ont sans doute pas eu d'impact significatif sur le scrutin. En revanche, lors des élections locales comme les législatives des 10 et 17 juin, ou les municipales en 2008, «le vote électronique sera une porte ouverte à de nombreuses contestations par les perdants», avertit un membre du groupe OdV de Boulogne-Billancourt.
L'association prépare l'échéance du mois de juin en annonçant un «MAV Assurance» (MAV pour machine à voter) contre les aléas du vote électronique. Elle sera proposée aux candidats aux législatives qui ne font pas confiance aux machines et nécessiteraient d'être assistés en prévision d'un éventuel contentieux. Le service proposera une assistance via un numéro de téléphone dédié, Internet et, si besoin est, un déplacement. Lancé dans une dizaine de jours, son prix pourrait se situer aux alentours d'une centaine d'euros.
ZdNet, 11 mai 2007
14 mai, 2007
Les détracteurs des machines à voter se mobilisent pour les législatives
à 10:47 AM
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