26 septembre, 2007

Berkeley : le privé infiltre le campus public

Haut lieu de la contestation dans les années 1960, le campus californien de Berkeley a bien changé. Les étudiants ne s'y préoccupent plus guère de politique, et l'université a signé avec le pétrolier BP un partenariat d'un montant record qui suscite la polémique. Si la direction souligne que le recours à des financements privés est devenu indispensable, certains redoutent que le prestigieux centre de recherche public ne sacrifie sa réputation et sa rigueur.

(...) Au terme du plus gros accord de partenariat jamais signé aux Etats-Unis entre le secteur privé et une université publique, la compagnie pétrolière BP a accordé à Berkeley et à son laboratoire affilié Lawrence Berkeley National Laboratory, en association avec l'université de l'Illinois, 500 millions de dollars sur dix ans afin qu'ils créent un institut pluridisciplinaire consacré aux biosciences de l'énergie. Avec un objectif propre à susciter le débat : le développement de plantes et de micro-organismes génétiquement modifiés susceptibles de maximiser la production de biocarburant à moindre coût environnemental et financier. Les détails du contrat n'ont pas été rendus publics, de quoi justifier l'inquiétude d'une partie du corps universitaire quant au respect de la mission d'intérêt général de leur institution. « Les relations entre université et entreprise privée ne sont pas problématiques en elles-mêmes, à condition d'être parfaitement transparentes, rappelle Laura Nader, une des détractrices de cet accord. Or, les industriels ont toujours essayé de s'imposer sur le campus et, en ce moment, le climat leur est favorable. »

« Nous sommes en train de perdre la confiance du public, faute de tirer les leçons des erreurs passées », avertit de son côté Ignacio Chapela, professeur assistant au département des sciences, politiques et gestion de l'environnement qui s'était illustré comme chef de file des critiques du contrat historique et controversé de 25 millions de dollars signé en 1998 par le College of Natural Resources de Berkeley et le géant agropharmaceutique suisse Novartis.
Les Echos 18 septembre 2007

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