20 juin, 2005

Les malédictions des mineurs boliviens

Leur arrivée dans le centre-ville de La Paz, il y a dix jours, a accéléré la conclusion du conflit social qui a paralysé la Bolivie pendant trois semaines, contraignant le président Carlos Mesa à la démission. Leur visage noir de poussière, leurs casques et les bâtons de dynamite qu'ils brandissent épouvantent la classe moyenne. Travaillant dans des conditions dignes du XIXe siècle, oubliés de l'Etat, ces hommes n'ont rien à perdre. Ils symbolisent cette Bolivie qui a enrichi de ses minerais l'Espagne colonisatrice avant d'accélérer l'industrialisation de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Les régions de Potosi et d'Oruro dont ils proviennent se sont, elles, enfoncées dans la misère. Alors que le plus pauvre pays d'Amérique du Sud s'est découvert un énorme gisement de gaz, la crainte de voir l'histoire se répéter a poussé les Indiens (les deux tiers de la population) à refuser de laisser aux multinationales le soin de l'exploiter. La revendication de leurs droits se confond désormais avec la nationalisation du secteur des hydrocarbures, plongeant la Bolivie dans des mobilisations qui confinent au chaos social.
* Entreprises implantées en Bolivie (par secteur)

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