14 juin, 2005

Derrière les délocalisations, un nouveau mythe...

... Trois puissants facteurs participent de cette nouvelle mode du « tout-délocalisable »:

1. La « pression » mise sur les PMI par les grands donneurs d'ordre : ces derniers demandent à leurs fournisseurs et sous-traitants chaque année des baisses de prix sensibles (ce qu'ils peuvent comprendre), mais de plus formulent expressément à leur encontre la nécessité vitale de délocaliser dans des pays à bas coûts salariaux, sous peine de n'être plus considérés... A cela s'ajoute la généralisation des pratiques d'enchères inversées, y compris dans la grande distribution, qui dégradent sérieusement les liens de confiance entre partenaires commerciaux : ces pratiques choquent d'autant plus les PME que les groupes publics ont aussi recours à ce système (EDF, France Télécom...) ; de même, les marchés publics sont souvent très focalisés sur les prix, au détriment de la prise en compte de la qualité et de l'emploi local.

2. Des investisseurs institutionnels et les opérateurs des marchés financiers tiennent un discours justifiant la délocalisation et s'étonnent auprès de certains des dirigeants de leur rattachement à leur territoire et les encouragent à fermer leurs usines de production, et à recourir à l'externalisation auprès d'opérateurs asiatiques.

3. Un nombre croissant de grands groupes par leurs pratiques favorisent ce climat du « tout-délocalisable » : l'externalisation dans les pays lointains de fonctions entières se traduit de fait par de la délocalisation et des pertes d'emplois et de savoir-faire dans le pays d'origine.

Certains grands cabinets d'audit sollicités par des grands groupes industriels et de service dénoncent « l'illusion de l'offshore ». Ils démontrent que si l'on applique un calcul économique véritable, cette décision ne se justifie pas. Mais la mode est là : pour séduire les marchés financiers, il faut désormais avoir dans son plan de développement, « ses Indiens et ses Chinois » : la réduction des coûts comme seule finalité devient un « must » incontournable du bon gestionnaire moderne et responsable (responsable devant les marchés financiers, bien entendu).

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