23 juillet, 2007

Corruption : Londres montré du doigt

Une majorité des trente-sept pays signataires de la convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne respectent pas leurs engagements, dénonce un rapport de Transparency International publié hier. Ce document salue certes les progrès de la France, des Etats-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie et des Pays-Bas. Mais l'organisation non gouvernementale pointe du doigt le Japon, le Canada et le Royaume-Uni. Et ses experts rapportent également de multiples problèmes en Irlande, en Turquie et au Portugal.
Remise en question majeure

Près de 1.000 milliards de dollars se perdraient chaque année, selon les estimations, dans les méandres de la corruption. Les seuls pots-de-vin liés aux appels d'offres publics sont évalués à 200 milliards de dollars. Les Etats signataires de la convention de l'OCDE représentent à eux seuls deux tiers des exportations mondiales de biens et de services.

La récente attitude du gouvernement britannique a abouti à « une remise en question majeure » de cette convention, déplore Transparency International. En décembre dernier, Tony Blair a décidé d'abandonner l'enquête sur les pots-de-vin qu'aurait versés BAE Systems à l'Arabie saoudite dans le cadre d'un contrat de vente et de maintenance de chasseurs Tornado, qui a rapporté 43 milliards de livres au groupe britannique de défense. L'ancien Premier ministre a assumé personnellement, au nom de « l'intérêt général » du pays, la décision d'arrêter l'enquête. L'organisation TI espère que le départ de Tony Blair et son remplacement par Gordon Brown permettront de revenir sur cette décision.

« Le problème fondamental dans les pays qui n'appliquent pas la convention vient du manque de volonté politique », souligne le rapport. Des systèmes juridiques nationaux non conformes aux dispositions de la convention et un manque de ressources qui gêne les investigations et les poursuites sont aussi responsables. « Permettre aux entreprises de rivaliser à coups de pots-de-vin est une attitude aveugle qui desservira à terme ceux qui l'adoptent », estime Huguette Labelle, la présidente de Transparency.
Les Echos, 19 juillet 2007

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