20 mai, 2005

La France active vote « non »

Il y a treize ans, le débat sur la monnaie unique avait grossièrement opposé une « France d'en haut » à une « France d'en bas », même si l'expression n'avait pas encore été inventée par Jean-Pierre Raffarin. Si les agriculteurs, artisans et commerçants avaient majoritairement voté contre l'euro, le reste des actifs se partageait en fonction de son niveau social : les ouvriers et employés pour le « non », les cadres moyens et supérieurs pour le « oui ».

Tel n'est plus le cas aujourd'hui. Une franche majorité du salariat a basculé dans le « non » : de 53 à 57 % selon les instituts, alors qu'ils n'étaient que 49 % à se prononcer en ce sens en 1992.Les salariés du privé semblent même presque aussi remontés contre le traité que ceux du public d'après certaines enquêtes. La grande différence avec le clivage de Maastricht concerne les « professions intermédiaires ». Seulement 38 % des cadres moyens votaient « non » à l'époque. Ils sont désormais entre 47 et 56 % selon les instituts. Ce renfort des classes moyennes salariales s'accompagne d'une accentuation de l'opposition à la construction européenne des couches populaires. Le « non » chez les employés progresse de 53 % aux alentours de 60 %, tandis que celui des ouvriers grimpe de 61 % à quelque 70 %. Seuls les cadres supérieurs, dont une forte minorité a un moment été tentée par le rejet du traité, restent fidèles à la « positive attitude » avec un « non » qui, comme en 1992, ne touche qu'un tiers d'entre eux.

Conséquence inévitable de tout cela : les actifs votent globalement « non », dans une fourchette comprise entre 54 % et 56 %, tandis que les inactifs disent « oui » de 53 % à 56 %.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'aime pas du tout l'expression "institut de sondage" : ces sociétés n'ont absolument rien d'institutionnel, ni dans leurs statuts, ni dans les méthodes employées, ni dans l'objectivité de leurs résultats