Le lion a rugi en mars. Et toute la jungle a tremblé. Le lion, c'est bien sûr Wal-Mart, le géant américain du commerce. Plus de 300 milliards de dollars de chiffre d'affaires, 19 % de l'épicerie aux Etats-Unis, premier employeur de la planète avec 1,6 million de salarié (dépassant l'éducation nationale française et les restes de l'Armée rouge). La jungle, c'est le tissu des entreprises industrielles qui alimentent le lion par des norias incessantes de camions. Et, le rugissement, c'est la décision de Wal-Mart de s'attaquer sérieusement à la gestion de ses stocks. Cette simple initiative a suffi à faire ralentir en début d'année les ventes du premier lessivier planétaire, Procter & Gamble, qui avait pourtant décidé l'an dernier de grossir encore en absorbant Gillette afin de se mettre à l'abri de ce genre d'oukase... C'est dire la puissance de l'entreprise née il y a moins d'un demi-siècle à Bentonville, Arkansas. Avec de tels acteurs, plus besoin de passerelle pour aller de la micro à la macroéconomie !
(...) D'après une étude précédente, l'ouverture d'un Wal-Mart entraînerait la création immédiate d'une centaine d'emplois. S'ensuivrait dans les cinq ans la disparition d'une cinquantaine de postes chez les concurrents et d'une vingtaine chez les grossistes. Au total, Wal-Mart serait donc créateur net d'emplois. A partir des chiffres de salaires dans les comtés et de données sur les ouvertures des magasins Wal-Mart, les trois chercheurs californiens arrivent à des conclusions moins favorables. L'impact sur l'emploi serait au mieux nul. Et l'effet sur les salaires, lui, paraît franchement négatif - et encore plus qu'ailleurs au sud des Etats-Unis, là où le commerçant a commencé à bâtir son réseau.
Pour l'ensemble des salariés d'un comté où un magasin a ouvert, l'effet Wal-Mart « inclut une baisse des salaires par employé de 1,9 %, et une baisse des salaires par habitant de 5,4 % », estiment les économistes. Cela ne signifie pas que tous les salariés ont droit à une fiche de paie amputée dès que le géant américain ouvre ses portes ! Mais Wal-Mart exerce une pression à la baisse par trois canaux. Il mène une politique sociale d'une main de fer, laissant peu d'espace à la représentation des salariés. Il recrute surtout une main-d'oeuvre peu qualifiée et donc peu payée. Et il emploie beaucoup à temps partiel.
* Wal-Mart Stores
* Procter & Gamble, Co.
(1) « The effects of Wal-Mart on local labor markets », NBER, Working paper no 11.782.(2) « Consumer benefits from increased competition in shopping outlets : measuring the effect of Wal-Mart », NBER, Working paper no 11.809.
20 avril, 2006
Wal-Mart, première méga-entreprise de l'histoire
à 9:48 AM
Libellés : Entreprises et finances
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