19 avril, 2006

Les forêts pomperont moins de carbone que prévu

Deux études américaines confirment que l'absorption du CO2 par les grandes étendues forestières a ses limites. De quoi remettre en cause l'idée de «puits de carbone» sur le long terme.

es forêts, dans leur phase de croissance, sont considérées à juste titre comme des pompes de carbone: les plantes captent le gaz carbonique de l'atmosphère et le piègent dans leur végétation. D'où l'idée défendue par les grands pays forestiers, comme le Canada et la Russie, que leurs surfaces boisées doivent venir en déduction de leurs rejets de gaz à effet de serre. Une idée acceptée et gravée dans le marbre par les signataires du protocole de Kyoto entré en vigueur l'an dernier.

Après avoir étudié durant six ans des plantations soumises à des niveaux accrus de gaz carbonique, les premiers ont constaté que le manque d'azote dans le sol limite, au bout de quatre à six ans, la croissance des arbres et par conséquent la quantité de CO2 captée dans l'atmosphère.

De son côté, l'équipe de Johan Six a conduit une «meta-analyse», passant en revue plusieurs dizaines d'études sur ce sujet. Elle confirme que, à moins d'accompagner l'augmentation de la teneur atmosphérique en gaz carbonique par d'importants apports d'azote dans les sols, la croissance de la végétation sera rapidement freinée. Ils notent au passage que si l'azote est apporté de manière importante, d'autres carences (phosphore, molybdène et potassium) limitent à leur tour le pompage du carbone atmosphérique. Une invitation de plus à réduire les rejets de CO2 à la source plutôt que de chercher des palliatifs. Car pour que les forêts jouent sur le long terme leur rôle de puits, il faudrait les arroser d'engrais?

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