28 avril, 2006

Vive dénonciation d'un accord Canada-USA pour régler le conflit du bois

L'une des principales associations de l'industrie forestière canadienne a vivement dénoncé jeudi un accord de principe conclu entre les gouvernements américains et canadiens en vue de mettre un terme à leur différend sur les importations de bois de construction canadien aux Etats-Unis.

"C'est le pire accord que j'ai vu en 25 ans", a déclaré à l'AFP Carl Grenier, le directeur-général du Conseil pour le libre-échange dans le bois d'oeuvre, association responsable d'environ 40% du volume total de bois exporté chaque année par le Canada aux Etats-Unis.

Cet accord, qui serait le troisième conclu entre les deux gouvernements depuis 1986, est "le plus restrictif sur le plan de notre accès au marché américain", a-t-il dénoncé. M. Grenier s'élève en particulier contre le fait que les Etats-Unis conserveraient environ 1 milliard de dollars des taxes qu'ils ont perçues sur les importations de bois canadien.

"C'est aussi l'accord le plus punitif, parce qu'on laisse un milliard de dollars derrière, dont la moitié doit être remise à nos adversaires américains (ndlr: l'industrie du bois), ce qui va leur permetrre de financer la guerre ad vitam aeternam", a-t-il dit.

Selon les médias canadiens, l'accord-cadre prévoit que les Etats-Unis cesseraient de taxer les importations de bois de construction canadien et rembourseraient environ 80% des quelque 5,3 milliards de dollars canadiens (4,7 milliards US) qu'ils ont collectés en droits compensatoires et antidumping sur le bois canadien depuis 2002.

Or les Canadiens réclamaient le remboursement intégral de ces taxes punitives, en vertu d'un jugement décisif en leur faveur rendu l'automne dernier par un tribunal de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna, dont fait également partie le Mexique).

De plus, en vertu de l'accord de principe, le Canada plafonnerait à 34% sa part du marché américain du bois de construction et s'imposerait une taxe à l'exportation qui augmenterait si les prix du bois ou la valeur du dollar canadien baissaient ou s'il y avait dépassement du quota fixé aux producteurs canadiens.

L'accord envisagé, fait encore valoir M. Grenier, conforte la thèse américaine selon laquelle le bois canadien est subventionné. "Cet accord est basé sur l'hypothèse que le Canada est coupable, alors que nous avons pu prouver devant l'Aléna et l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et devant les tribunaux américains que ce n'est pas le cas", a-t-il dit.

Si l'accord est entériné "on va perdre toute possibilité de croître dans le marché américain avec les conséquences sur l'industrie et surtout sur les emplois", a-t-il conclu en soulignant qu'il "y a déjà des milliers d'emplois de perdus et des douzaines d'usines de fermées".

Plus du tiers du bois de construction utilisé aux Etats-Unis provient du Canada, exportations qui rapportent à ce pays environ 8,5 milliards de dollars canadiens (7,6 milliards de dollars américains), selon le ministère canadien du Commerce international.

AFP, 27/4

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