22 mars, 2007

Un « Canal de la Paix » très controversé pour sauver la mer Morte


Sauver la mer Morte : l'objectif est plus que louable. D'autant qu'il s'agit de le faire dans le cadre d'une coopération régionale entre Jordaniens, Palestiniens et Israéliens. Mais le projet de « Canal de la Paix », lancé à cette fin, suscite de plus en plus de critiques. Le gouvernement israélien a donné son feu vert, le 11 mars dernier, à la construction de ce canal entre la mer Morte et la mer Rouge.

(...) La mer Morte rétrécit à vue d'oeil. Chaque année, son niveau baisse de 1,2 mètre. Outre son intérêt touristique, elle abrite un capital géologique unique au monde. Son eau contient 32 % de minéraux, contre 3 % en moyenne dans les autres mers de la planète. Et, sur les 21 minéraux répertoriés, 12 n'existent nulle part ailleurs. Il y a urgence à réagir.
Catastrophe écologique

Mais le « Canal de la Paix » pourrait bien se révéler une catastrophe écologique, selon de nombreuses associations. L'eau prélevée dans la mer Rouge serait pour moitié dessalée afin de subvenir aux besoins en eau potable des Jordaniens et, pour l'autre moitié, déversée telle quelle dans la mer Morte. Une perfusion qui pourrait être fatale à ce milieu écologique unique. Car, paradoxe de la nature, la mer la plus salée au monde n'est pas une mer, mais un lac alimenté en eau douce.

Ce projet est soutenu activement par Shimon Pérès, le ministre israélien du Développement régional. « Même pour les Jordaniens, le projet n'est pas pertinent sur le plan économique, affirme Guidéon Bromberg, directeur israélien de l'association Amis de la Terre - Moyen-Orient, qui réunit Jordaniens, Palestiniens et Israéliens. Une fois dessalée, l'eau du canal leur coûtera 1,5 dollar le mètre cube, alors qu'elle coûte 0,57 dollar le mètre cube dans l'usine d'Ashkelon », en Israël. « Les seules bénéficiaires seraient les grandes entreprises construisant le canal, l'usine de désalinisation et la centrale électrique, ajoute-t-il. Il s'agit d'un investissement de 5 milliards de dollars, au minimum. »

Pour sauver la mer Morte, la solution la plus économique et la plus écologique serait, selon certains experts, de rouvrir les vannes du Jourdain, autrefois sa principale source d'alimentation. Jusque dans les années 1950, le flux était de 1,3 milliard de mètres cubes par an. Aujourd'hui, il est réduit à 100 millions de mètres cubes. « Il ne s'agit pas de revenir à la situation d'antan, mais uniquement d'arrêter l'hémorragie - pour cela, il faut 650 millions de mètres cubes par an - tout en tenant compte des besoins de l'homme en eau potable », estime Guidéon Bromberg. Pour cela, il faudrait moderniser les infrastructures - 50 % des eaux sont perdues en raison de leur mauvais état -, réviser la politique d'eau subventionnée pour l'agriculture et construire d'autres usines de désalinisation.
Les Echos 22/3/2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La CNR intéressée par le « canal pour la Paix »
Outre l'intérêt technique du projet, la forte symbolique politique intéresse la Compagnie nationale du Rhône
Convié par Yvon Deschamps président de la Chambre de commerce France-Israël à prendre part au déplacement de Gérard Collomb en Israël et Palestine, Jean-Louis Mathurin, directeur ingénierie au sein de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) a pu rencontrer Ron Erez.
Ce vice premier ministre israélien travaille avec Shimon Perez au projet de « canal pour la Paix ».
La CNR projette en effet, dans le cadre d'un consortium avec Suez (qui fonctionne déjà pour le canal de Panama), de prendre part à l'appel d'offres qui sera lancé le 15 avril prochain pour la réalisation des études.
Financées par la Banque mondiale, celles-ci sont estimées à 15 millions de dollars.
Le projet de « canal de la Paix » reliant la mer Morte qui s'assèche d'année en année à la mer Rouge pourrait fournir de l'eau potable à la Jordanie, aux territoires palestiniens et à Israël.
Le 10 décembre dernier, c'est sous l'égide de la Banque mondiale que les trois parties ont signé le lancement des études de faisabilité et d'impact de l'ouvrage long de 180 kilomètres et estimé à 4 milliards de dollars.

Le Progres
mardi 27 mars 2007