30 avril, 2007

Les machines à voter en ballottage défavorable


Electeurs exaspérés, temps d'attente interminables, couacs techniques : pour leur première utilisation à grande échelle, les ordinateurs de vote n'ont pas convaincu.

Déployées dans 82 communes de plus de 3 500 habitants, les machines à voter électroniques devaient être l'une des grandes attractions de cette élection présidentielle 2007. Pourtant, certaines d'entre elles, à Amiens et à Saint-Malo notamment, ne seront même pas présentes au second tour le 6 mai prochain. La raison : des électeurs décontenancés, des files d'attente trop importantes, et quelques problèmes techniques.

Dans la ville de Saint-Malo, en raison des files devant les bureaux de vote, la municipalité a décidé de suspendre l'utilisation du vote électronique pour le second tour et pour les législatives du mois de juin prochain, rapporte l'AFP. Sur le terrain, conjugué à un très fort taux de participation, la nouveauté que représentaient les machines n'est pas toujours bien passée.

« D'un point de vue technique, nous avons rencontré des problèmes d'écrans blancs ou de "retour à la page d'accueil" pour des électeurs qui pensaient ne pas avoir voté », explique Laurent Pieuchot, conseiller municipal socialiste d'Issy-les-Moulineaux et président de l'un des 40 bureaux de vote de cette localité des Hauts-de-Seine (92).

« Mais ce qui semble avoir posé problème, c'est un manque certain de confidentialité. (1) Certains électeurs en ont souffert. Ils étaient très perturbés d'être là, en train de choisir, pratiquement au vu et au su de tout le monde. A Issy-les-Moulineaux, en raison de la forte mobilisation du corps électoral, le dernier électeur a voté à 21h15, indique Laurent Pieuchot. Enfin, en raison d'une absence d'agrément de la part du ministère de l'Intérieur, les électeurs isséens malvoyants n'ont pas pu voter sur des appareils adaptés », poursuit le conseiller municipal.

De son côté, la Mairie indique qu'elle souhaite maintenir le dispositif de vote électronique pour les prochains scrutins. « Les files d'attente constatées n'étaient pas dues à un dysfonctionnement des machines mais à une très forte participation des électeurs [plus de 10 000 nouveaux votants, NDLR (*) ] », assure Isabelle Franchi, directeur général adjoint de la mairie d'Issy-les-Moulineaux. D'ici au 6 mai, des réunions rassemblant les présidents des différents bureaux de vote seront organisées afin de partager leurs expériences du premier tour. Objectif : fluidifier les files d'attente.

Saisine du Conseil constitutionnel

A Villeneuve-le-Roi, un conseiller régional (Mouvement républicain et citoyen) a saisi le Conseil constitutionnel en invoquant des « dysfonctionnements » du scrutin liés à l'utilisation de machines à voter de type Nedap. « Nous avons transmis un relevé d'observations », déclare Daniel Guérin. « Des gens qui avaient du mal à comprendre comment tout cela marchait sont restés bloqués assez longtemps devant ces machines. »

Par ailleurs, après une erreur de vérification d'identité, « on a ouvert une session de vote pour une personne qui n'avait pas le droit de voter et le retour à la normale a pris de longues minutes ». De plus, précise le conseiller régional, « dans certains bureaux on a pu noter des écarts d'émargement entre la signature des électeurs sur les cahiers et le nombre de votes enregistrés par la machine. Celui-ci étant parfois supérieur de 5 à 10 unités ».

A Reims, une ville qui avait opté pour la solution du fabricant espagnol Indra, la municipalité affirme que tout s'est bien passé, en particulier pour les personnes handicapées. Seul problème officiellement relevé, une erreur de branchement à l'ouverture de quatre ou cinq bureaux de vote (sur un total de 94) qui a perturbé le début des opérations de vote. Mais des électeurs rémois, comme Benoît Ronez, cité par Libération, affirment que « le ticket, censé valider le vote, sortait de la machine de façon très aléatoire ».

Du côté des candidats à l'élection présidentielle eux-mêmes, certains en ont rajouté dans l'hostilité au vote électronique. C'est le cas de Philippe de Villiers, qui votait aux Herbiers en Vendée sur une machine Nedap. Il s'est fendu d'un « machine à voter, machine à tricher », formule aussi médiatique qu'expéditive.

(1) Sur le modèle iVotronic utilisé dans cette ville, de petits capots fixés autour de la machine font office d'isoloir.

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