De nombreuses études montrent l'impact potentiel des nanotechnologies sur la santé et l'environnement. Le Parlement français se saisit de cette question.
"Nous craignons que le syndrome OGM ne s'empare des nanotechnologies." C'est par cette alarme que le sénateur Claude Saunier lançait une audition publique la semaine dernière sur les risques des nanotechnologies, dans le cadre de l'office parlementaire Opecst.
Ah bon? On aurait préféré qu'un représentant des Français s'inquiète plutôt de la santé et de l'environnement de ses concitoyens... 700 produits contiennent déjà des composants nanométriques et 1.400 types de nanoparticules sont déjà en vente. Quatre-vingts producteurs sont identifiés dans le monde, dont les français Arkema et l'Oréal.
Aux Etats-Unis, un sondage insinue que la majorité des Américains craignent plus d'effets négatifs que positifs des ces technologies. Depuis 2003, les recherches sur les risques se sont multipliées. La National Nanotechnology Initiative américaine consacre une quarantaine de millions de dollars aux études d'impact et autant à l'aspect sociétal. La Commission européenne fait moins bien, avec 7,5 millions de dollars (5,85 millions d'euros) mais mobilise quand même 5 comités différents sur le sujet et 5 programmes de recherche dans son PCRD.
Leur taille leur ouvre l'accès aux voies respiratoires, elles pénètrent les cellules et leur noyau. Elles passent même les membranes réputées les plus infranchissables comme la barrière hémato-encéphalique. Les études ont montré qu'au-dessous de 4 nanomètres les particules s'invitent dans les axones des nerfs olfactifs, font fi de la barrière pour s'installer dans le système nerveux central. Leur miniaturisation dope aussi l'effet des atomes de surface, ce qui les rend plus réactifs. Elles peuvent adsorber des molécules de l'environnement et devenir ainsi des vecteurs de la pollution. Quant à la forme très allongée de certaines nanofibres comme les nanotubes de carbone, des recherches ont montré que les cellules ne savent pas les phagocyter. Il est aussi bien établi aujourd'hui que les particules s'accumulent dans les tissus.
Face à ce cocktail d'effets, la cellule peut mal réagir avec une perte de fonctions, une hyperactivité ou une perturbation de son cycle. Les chercheurs pensent qu'il s'agit d'un phénomène de stress oxydant sur les lipides, protéines et acides nucléiques de la cellule. Des résultats publiés en 2006 valident cette hypothèse. Au final, l'organisme répond par une inflammation.
Face à ces doutes, beaucoup d'experts réclament l'application du principe de précaution. Pour Patrick Brocard, il doit s'appliquer en particulier au milieu du travail. On estime que 2 millions d'employés seront exposés en 2010.
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