26 février, 2007

Chiffre record de disséminations d'OGM dans le monde en 2006

Champ de pommes de terre OGM
L'association écologiste internationale Greenpeace a affirmé, lundi 19 février, avoir recensé en 2006 un nombre "record" de cas de "contaminations" de l'agriculture conventionnelle par des organismes génétiquement modifiés (OGM). Greenpeace dénombre vingt-quatre cas de"disséminations involontaires, plantations illégales et dommages à l'agriculture liés aux cultures OGM" sur la planète, contre un précédent record de vingt et un relevés en 2005.

Arnaud Apoteker, chargé de la campagne OGM de Greenpeace France, commente, dans un communiqué : "Voilà qui prouve bien que plus les cultures OGM se développent, plus elles contaminent les autres cultures et l'environnement." Le cumul des disséminations depuis dix ans représente cent quarante-deux cas, note Greenpeace dans un rapport réalisé conjointement avec l'ONG britannique Genewatch.

Les groupes du Cac 40 ont soigné leurs actionnaires en 2006

40 milliards d'euros: c'est le montant reversé l'année dernière par les entreprises du Cac 40 à leurs actionnaires. Soit 32 milliards sous forme de dividendes, et 7,9 milliards par le biais de rachats d'actions, selon les auteurs du Vernimmen, un ouvrage de référence en finance cité par Le Monde. C'est 25% de plus qu'en 2005. Un taux de croissance plus rapide que la hausse de la bourse ou des profits.

Sans surprise, c'est Total, le groupe le plus riche de France, qui a été le plus généreux, reversant 3,9 milliards d'euros de dividendes et rachetant pour 3,5 milliards d'actions. Soit les deux tiers de ses profits en 2005.

Rachat d'actions: l'entreprise utilise son cash pour racheter ses propres actions, faire ainsi monter le cours de l'action en bourse. Cette méthode est préférée aux versements de dividendes car la plus-values sont moins taxées que les dividendes. [NdE]

21 février, 2007

Les cartels sortent toujours gagnants...

"En prenant des valeur moyennes, hausse des prix de 20%, durée de 5 ans, probabilité de détection de 15%, la sanction contre un cartel devrait atteindre plus de 100% des ventes annuelles pour compenser le gain illicite réalisé par le membre du cartel", souligne Emmanuel Combe, membre du Conseil de la Concurrence en France. Or, les amendes sont plafonnées à 10% des ventes. Pour le cartel de la vitamine, le plus important jamais démantelé, le total des amendes aux Etats-Unis a atteint 915 millions de dollars mais ne représentait que la moitié des gains illicites réalisés dans ce pays. En Europe, les amendes de 855 millions d'euros ne couvrirait que 26% à 40% du surcoût payé par les clients.
Source: L'Expansion, Février 2007

20 février, 2007

Le véritable enjeu fiscal des holdings

[Cet article du Temps décrit assez précisement l'évasion fiscale des grandes entreprises par le mécanisme dit de prix de transfert entre filiale, sur la fiscalité des holdings au Pays-Bas, et celle des non-résidents en Suisse]

L'ouverture des hostilités fiscales par la Commission européenne a braqué à nouveau les projecteurs sur la question des taux d'imposition très bas auxquels sont soumises certaines catégories de sociétés dans plusieurs cantons. Malgré toute l'importance que la Commission et certains Etats membres de l'UE leur attribuent, le niveau des taux n'est pas le problème le plus important en matière de fiscalité des multinationales.

Cette polémique masque une réalité beaucoup plus complexe. Un taux d'imposition, par définition, est une affaire rigide. Inscrit dans une loi votée démocratiquement, il ne peut pas être remis en question. Mais il n'est jamais que l'aboutissement de tout un calcul servant à déterminer ce qui sera soumis au fameux taux d'imposition. Plus que le taux, ce qui peut prêter à la polémique, c'est la détermination de la base fiscale.

La multinationale dispose d'un nombre élevé d'instruments d'optimisation fiscale. Elle a le choix du type d'activité qu'elle déploie dans chaque Etat. Elle sélectionne les formes juridiques et les régimes fiscaux les mieux adaptés à ses entités. Enfin, c'est elle qui détermine la valeur des biens et services produits dans chacune de ses unités.

Ces prix, que l'on qualifie de transfert, échappent aux règles usuelles du marché puisque c'est le même acteur qui fixe la quantité de l'offre, de la demande et de la valeur.

STMicroelectronics GENEVA Worldwide HeadquartersSTMicroelectronics GENEVA Worldwide Headquarters

Une multinationale a donc tout intérêt à élever les charges et à fixer une valeur basse aux biens et services produits dans un Etat à fiscalité peu favorable afin de réduire si possible à zéro le bénéfice de l'unité qui y est installée.

Le rôle des autorités fiscales consiste précisément à atténuer les effets de cette pratique. Une coordination internationale s'est même mise en place pour tenter de mettre une régulation sur pied. L'OCDE tente depuis 1995 d'édicter des lignes directrices pour forcer les multinationales à attribuer la réalité de leurs résultats à leurs filiales permanentes.

L'Union européenne a édicté un code de conduite afin d'unifier les règles dans tous ses Etats membres et éviter les doubles impositions, avec pour but avoué de pousser les entreprises à afficher des prix de transfert plus transparents. Ces bonnes intentions peinent à se traduire en textes légaux contraignants.

Toutefois, les multinationales peuvent influencer ces calculs en jouant avec les pertes cumulées des exercices précédents, qui permettent de créer des amortissements grevant les capacités bénéficiaires de telle ou telle unité. Fortement limitée par les normes IFRS, cette pratique est en outre de plus en plus réglementée par les Etats.

Une autre porte reste grande ouverte aux entreprises, c'est la fixation en début d'année fiscale d'une base de calcul permettant de fixer a priori la valeur des biens et services qui seront produits au cours de l'exercice. En vigueur aux Pays-Bas notamment, cette pratique fait appel à une négociation où l'entreprise cherchera à élever ses coûts (et donc abaisser ses bénéfices imposables), et où le fisc visera justement le contraire.

La discussion peut prendre plusieurs semaines avant que les parties se mettent d'accord sur des montants applicables le reste de l'année.

Enfin, la fiscalité suisse des entreprises pratique un calcul qui ressemble à s'y méprendre au forfait fiscal appliqué aux riches étrangers type «Johnny». Les sociétés holdings qui ne génèrent qu'une part minime de leur chiffre d'affaires en Suisse ne sont imposées que sur la valeur locative et leurs coûts d'exploitation à un taux variable selon les cantons, généralement de 5%.

Ces compromissions confirment la relative impuissance des Etats face aux grandes entreprises. Seules ces dernières disposent de la vue d'ensemble.

Une coopération internationale approfondie accorderait aux gouvernements le pouvoir de traiter les grands groupes selon les mêmes règles que les petits contribuables.

Mais, en l'état, aucun gouvernement ne semble prêt à l'abandon de souveraineté fiscale que cette coordination entraînerait. Quant à l'hypothèse de la création d'une machine fiscale globalisée, elle a de quoi faire froid dans le dos.

Le Temps, Yves Genier
Mardi 20 février 2007